Nous arrivons à Cusco, un peu fatigués par nos 5 jours de route mais enthousiastes à l’idée d’entamer cette étape attendue du voyage. Dans les rues étroites de la capitale inca, nous avons du mal à trouver un lieu d’hébergement capable de nous accueillir avec Francine. Enfin établis dans une auberge au prix raisonnable, nous y resterons plusieurs nuits afin de visiter tranquillement la ville et faire un petit break moto.
Le mélange entre architecture inca et espagnol est flagrant, le centre historique nous fait ressentir une certaine harmonie au travers des différentes rues et places, même si nous pensons évidemment au fait que l’invasion espagnole est à l’origine de l’extinction de la culture inca.
Au milieu d’une des rues se trouve la célèbre pierre à douze angles, emblématique du savoir faire inca, parfaitement assemblée aux autres blocs qui l’entourent. Par contre interdit de la toucher!! ok je reste sage!
Sur certaines pierres, on retrouve différents éléments de la symbolique inca.
On voit passer une procession religieuse au milieu des touristes. On nous avait annoncé que Cusco était une ville regorgeant de touristes et très occidentalisée. Ce n’est pas ce qui nous saute aux yeux, même si effectivement il y a de nombreux bars, restaurants (lounges, végétariens, cuisine locale chic…) et magasins s’adressant particulièrement aux étrangers. Entre activités touristiques et tradition locale, le mélange nous paraît plutôt homogène.
Nous visitons le musée Inca de la ville qui retrace l’expansion de la culture jusqu’à l’invasion par les conquistadors. Nous passons aussi beaucoup de temps à nous balader. Sur la photo suivante se trouve l’ancien Temple du Soleil, lieu le plus sacré de l’empire Inca, transformé en Eglise.
A Cusco, nous prendrons aussi le repas du soir (cena) le moins cher de notre séjour au pérou, à 8 Soles pour deux, soit environ 2 euros, et nous mangerons de très bonnes pâtisseries. Les tartes aux pommes sont délicieuses au Pérou.
Après deux jours dans la capitale, nous sommes maintenant prêts à découvrir la suite de l’ampleur de l’entreprise Inca!
Pour cela il faut commencer par acheter le Boleto General (billet d’entrée donnant accès à une dizaine de sites) qui nous revient à 33 euros par personnes, les entrées uniques n’existent pas pour chacun des sites. Nous espérons exploiter au mieux ce ticket en prenant le temps de visiter un maximum de sites de la Vallée Sacrée à l’aller et sur le retour du chemin pour le Machu Picchu. Au même moment, nous décidons de ne pas aller visiter Arequipa et le canyon de Colca, en espérant ne pas le regretter. Il faut faire des choix…
La première journée, nous découvrons les quelques sites aux alentours de Cusco, en commençant par Sacsayhuaman et ses immenses blocs de pierres.
Cette forteresse, haut lieu défensif, représenterait la tête d’un puma, animal sacré dans la tradition inca, les trois remparts parallèles en forme d’éclair symbolisant les dents de l’animal.
Aux alentours de la forteresse, les rochers sont un terrain de jeu pour les grands, en tout cas pour nous : toboggan, labyrinthe…
Plus loin, un autre site nommé Qenko est du même style, c’est un gros rocher taillé et creusé de labyrinthes, qui aurait été un lieu de rituels.
Après la visite de deux autres sites mineurs, nous passons la nuit à Chinchero, un village où se trouve un site archéologique inca que nous visitons le lendemain matin tôt avant de prendre la route pour la mission Machu Picchu. L’artisanat local y est très présent, pas seulement dans les rues, mais aussi sous forme de centres qui rassemblent notamment des femmes qui travaillent le fil et la laine.
Le Machu Picchu se trouve à environ 200 km. La route est plutôt bonne à part le passage d’un énième col où il fait très froid et où le brouillard paraît ne jamais disparaître. Une pause déjeuner dans un modeste restaurant nous permettra de nous réchauffer au coin du feu où le propriétaire nous installe gentiment avec notre soupe.
Pour des raisons économiques, nous n’avons pas pris l’option du train qui mène jusqu’à la ville au pied du Machu Picchu (Aguas Calientes ou Machu Picchu Pueblo), le moins coûteux étant d’utiliser nos jambes pour faire la partie sans route.
Quelques km de piste un peu périlleuse et en milieu d’après-midi, nous pouvons laisser la moto chez un particulier pour quelques soles la nuit, au niveau de la station hydraulique qui est le point le plus proche du chemin qui mène à Aguas Calientes, pour se lancer dans les 2h30 de marche le long des rails jusqu’au village.
Arrivés à destinations à la tombée de la nuit, nous achetons nos billets d’entrée et trouvons vite un hébergement respectant notre budget dans cette ville qui grouille de touristes. La nuit est courte, nous nous levons à 3h45 afin d’être dans les premiers à pouvoir commencer l’ascension des marches qui mènent à la mythique cité inca. Le poste de contrôle ouvre à 5h.
Nous sommes dans les 80 premiers en bas et Baptiste arrive dans les 20 premiers en haut! Moi je traîne un peu, c’est assez éprouvant, mais j’arrive quand même avant l’ouverture du site (à 6h) et nous pouvons entrer ensemble. Encore quelques marches et la récompense est là!
Le soleil n’est pas encore levé et les touristes encore peu nombreux. Nous avons la sensation d’être privilégiés au milieu des ruelles encore endormies ou presque car le troupeau de lamas nous devance.
Il y a une réelle harmonie au milieu de toutes ces pierres… Nous avons envie de prendre notre temps.
Le soleil vient tout doucement illuminer chaque recoin. C’est magnifique! Pas la peine de rentrer dans les détails, je vous laisse apprécier…
Ce pont à flanc de falaise était emprunté par les Incas à l’époque. On a du mal à croire que des hommes aient pu passer là, les bras chargés certainement.
Dernière photo avant de redescendre retrouver Francine et on peut dire que nous ne sommes pas déçus.
Nous profitons de la balade du retour pour faire les quelques photos que nous n’avons pas pris le temps de faire à l’aller.
Nous prenons une nuit de repos au village qui est à la sortie de la piste. Le lendemain nous repartons pour Ollantaytambo où se trouve une impressionnante forteresse inca, surplombant un des villages incas les mieux conservés, et habité, dans son urbanisation originale. Malgré quelques courbatures, nous nous lançons dans une nouvelle ascension pour accéder à une partie des ruines.
En face on voit la partie la plus imposante de la forteresse. Nous y allons l’après-midi.
Certains blocs de pierres sont une nouvelle fois massifs. Ceux-ci composaient une partie du temple. Certaines pierres de ce sites auraient été travaillées par une population plus ancienne que les incas, qui daterait de 600 à 400 ans avant J-C.
Nous logeons chez une dame qui loue quelques chambres bien aménagées dans une des rues de la partie inca du village. Il est agréable de se promener dans les rues pavées avec leur caniveaux toujours en fonctionnement où l’eau ruisselle tranquillement.
Nous passons deux nuits reposantes ici et reprenons notre épopée inca dans la vallée sacrée en direction de Pisac. Sur la route, nous nous arrêtons voir les salines de Maras; un lieu géologique exceptionnel où le sel est extrait de l’eau qui jaillit de la montagne par le biais des terrasses de décantation.
Des hommes et des femmes y travaillent, certains en bottes de caoutchouc, d’autres pieds nus… (aïe).
L’endroit est reposant (pour nous) mais plutôt fréquenté, nous repartons assez vite pour un deuxième site. Moray aurait été un centre de recherche agricole inca où auraient été pratiquées des expériences de cultures, notamment grâce à la création de microclimats advenant de l’agencement spécifique des terrasses.
Nous arrivons à Pisac et nous installons dans un hôtel tranquille, où comme souvent nous sommes quasiment les seuls clients. Les propriétaires sont sympas.
Le dimanche le marché est étendu dans les rues adjacentes à la place principale, on n’en voit pas le bout. Il y a vraiment beaucoup de choix, mais pas le temps de flâner très longtemps, d’autres ruines nous attendent…
Encore une ascension vertigineuse.
Ce site, un des plus importants de la vallée sacrée, qui aurait eu comme fonction d’en défendre l’entrée sud.
Nous nous rapprochons tout doucement du fameux lac Titicaca. Encore deux arrêts culturels et nous aurons quasiment visité tous les sites compris dans notre Boleto Général, ticket d’entrées pour ceux qui n’auraient pas suivi.
Sur la route nous apercevons des flamants roses barbotant à près de 4000 m d’altitude.
Il nous faut presque deux jours pour arriver sur les bord du lac. Nous croisons aussi deux motards (Turque et Argentin) qui nous donnent quelques infos sur la suite de la route.
Enfin le lac Titicaca devant nous. Nous passons une partie de l’après-midi sur la plage de Grifon, au bout d’une petite péninsule, avant d’aller chercher un endroit pour passer la nuit et éventuellement les jours qui viennent.
Il y a un hôtel qui surplombe la plage, même s’il nous paraît en dehors de notre budget, nous tentons notre chance. Sur le chemin nous croisons Lionel, un touriste suisse qui souhaite se rendre au même hôtel. Une fois sur place, la famille qui tient l’hôtel nous informe qu’il est fermé pour travaux… mais, par chance, l’homme, parlant très bien français, nous dit qu’il connaît une famille qui fait chambre d’hôte au village juste à côté. Il les appelle et notre chambre est réservée! Super! Lionel étant à pieds et les transports en communs peu fréquents, Baptiste revient le chercher après m’avoir déposée.
L’endroit est magnifique, la maison donne sur le lac et l’accueil est très chaleureux. Pendant que les garçons font le Dakar sur les pistes, Eustaquio (le propriétaire) envoie son fils de 4 ans, Anthony, me faire visiter les environs, son école et la place du village. Avec ses petites jambes, la balade est finalement assez longue. Nous tombons sur un match de volley où les locaux affrontent des touristes. Cela plaît beaucoup à Anthony qui demande que l’on fasse une vidéo, qu’il montrera à son père et voudra revoir plusieurs fois.
Nous avons aussi droit à un magnifique coucher de soleil!
Le repas du soir et le petit-déjeuner sont compris dans le prix de la chambre. Un vrai régal! Nous passons des moments très conviviaux à discuter avec Lionel.
La famille prend plaisir à nous faire partager un peu de leur culture locale, la femme d’Eustaquio nous fait une démonstration de tissage manuel (il faut presque un mois de travail pour faire un poncho!). Elle nous propose aussi de porter les tenues traditionnelles, le temps de quelques photos, un moment assez risible au-delà de la qualité et de la beauté des vêtements.
Après avoir remis nos tenues de voyageurs occidentaux, nous partons avec la barque de notre hôte pour une des îles flottantes les moins touristiques; 40 min de navigation au milieu d’un paysage extraordinaire. La couleur du lac est sublime.
Au loin, on aperçoit la « Cordillera Real » qui se trouve en Bolivie.
Voici l’île, avec ses occupants qui nous attendent pour nous expliquer leur mode de vie.
Un des hommes utilise une maquette qui retrace la fabrication de ces îles artificielles (en tiges de « Totora », plante qui ressemble à un roseau et pousse là où le lac est le moins profond) ainsi que l’agencement des habitations et commodités sur l’île. Six famille vivent sur cette île et environs 2000 personnes vivraient sur les îles flottantes du lac. Ils forment une communauté qui détient ses propres coutumes. Ils vivent essentiellement de la pêche, de la chasse (ils peuvent tuer quelques canards ou poule d’eau par semaine et consommes leurs oeufs), du troc, de l’artisanat et du tourisme.
Voici l’embarcation typique.
Des animaux de compagnie ou d’élevage vivent aussi sur l’île.
Lorsque les touristes arrivent et repartent, les femmes sont là à les attendre en leur faisant signe, c’est la tradition. Le retour et aussi agréable que l’aller et nous permet d’observer les installations de parques à truites.
Avant de nous rendre en Bolivie, nous passons une dernière journée au Pérou et visitons un ancien cimetière inca où les momies étaient protégées par des tours, accompagnées d’offrandes. Le site est entouré d’eau, l’endroit est très joli.
Elsa
PS : Nouveauté! vous pouvez aller consulter notre itinéraire suivi par pays dans la page « La route »!